Des foires d’antan aux fêtes de Rabelais
Une foire importante au Moyen Age
Au Moyen Age, de nombreux marchands forains, des colporteurs faisaient étape dans les foires de Picardie avant de se rendre dans les Flandres ou en Champagne. Drapiers, chaussetiers, pourpointiers, cordonniers, cloutiers, cordiers… venaient se joindre aux taillandiers, tonneliers, chapeliers, bourreliers, savetiers locaux, le temps d’une foire qui attirait beaucoup de monde à Chauny.
Ces rendez-vous annuels étaient indispensables aux habitants de la Vallée d’or, ils pouvaient écouler leurs surplus, acheter des biens comme du drap, des outils, du sel, du miel, des animaux, c’était l’occasion de régler des affaires mais aussi de se divertir.
La saint Momble
La commune de Chauny, fondée en 1167, gérait les marchés et les foires qui étaient sous l’autorité du maire et des jurés (Charte de Philippe Auguste de 1213). Des sergents eswardeurs veillaient à la qualité des marchandises mises en vente.
En 1305, Philippe le Bel donna l’autorisation de prolonger de deux jours supplémentaires la foire marchande de la saint Jean « Décollasse » qui se tenait traditionnellement le 29 août, date de l’anniversaire de la mort par décollation de saint Jean Baptiste.
Elle deviendra la foire de la saint Momble car le 29 août était aussi le jour de la procession qui rappelait la translation des reliques de saint Momble dans l’église Notre Dame à Chauny. Saint Momble, un moine irlandais qui était venu s’installer à Condren au 7ème siècle.
Moment de divertissements
Faute de place suffisante à l’intérieur de la ville, la foire se tenait à l’extérieur de ses murs, sur la route de Ham, près de la porte d’Hamoise. En 1417, à cause des troubles qui régnaient dans la région, la foire eut cependant lieu sur la place du marché, dans la cité.
Lieu d’échanges, la saint Momble était aussi un moment de divertissements. A coté des jeux traditionnels, les badauds pouvaient applaudir les montreurs d’animaux qui apprenaient des tours à des chiens savants, des ours, et vraisemblablement aux célèbres singes de Chauny. Des jongleurs animaient la fête en récitant des vers, en chantant, en contant des légendes. Des bateleurs exécutaient leurs numéros d’acrobatie. Ces artistes chaunois, de haute réputation, qui allaient de foire en foire, qui animaient les fêtes appartenaient à la confrérie des jongleurs de Notre Dame.
Un important marché aux chevaux
A la fin du 18ème siècle, la foire de saint Momble est surtout connue pour son marché aux poulains et aux chevaux, elle se tient maintenant dans la ville, sur la route de Viry. Les acheteurs venaient de très loin pour choisir les fameux poulains picards, les alaiterons, c’est-à-dire à peine sevrés, qui provenaient des fermes de la vallée de la Serre et de la vallée de l’Oise. Les négociants les revendaient ensuite sur les marchés normands. Les fermiers, les voituriers de la région parisienne venaient pour les chevaux de trait.
Une tradition conservée
La saint Momble de 1913 sera la dernière foire importante d’avant-guerre. Il faudra attendre les festivités qui dureront du 28 août au 5 septembre 1920 pour voir de nouveau près de 200 chevaux mis en vente dans les rues de Chauny. En 1939, les fêtes seront annulées pour cause de mobilisation.
Aujourd’hui la tradition se perpétue, la saint Momble continue d’attirer une foule importante. C’est toujours l’occasion de réaliser quelques achats, de se divertir comme l’ont fait de nombreuses générations dans le passé.
Chauny et Gargantua
François Rabelais dans « Gargantua » chapitre XXIV « Comment Gargantua employait le temps quand l’air était pluvieux » donne le conseil suivant :
« Allait veoir les bâteleurs (acrobates), trejectaires (jongleurs) et theriacleurs (charlatans), et considerait leurs gestes, leurs ruses, leurs sobressaux et beau parler, singuliérement de ceux de Chaunys en Picardie, car ils sont de nature grands jaseurs et beaux bailleurs de baillivernes en matière de singes verts ».
« Gargantua » – François Rabelais
Depuis 1996, les Fêtes Rabelais divertissent la population. Elles ont lieu le week end de l’Ascension.