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Commémorer la Grande Guerre à Chauny


Hôtel de Ville
L’Hôtel de Ville et la route de St-Quentin après la retraite allemande

Dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, la période de 2014 à 2018 est marquée par de nombreuses commémorations. La ville de Chauny ne pouvait pas rester à l’écart de ces manifestations, d’autant plus que, dans la mémoire collective des Chaunois, l’année 1917 correspond à la destruction de la cité et que cette date tient une place importante dans l’histoire de chaque famille.

Transmettre aux Jeunes Générations

Dans un premier temps, un  travail de mémoire a été effectué en direction de la jeunesse. En effet, la ville a répondu à un appel à  projets qui insistait sur la transmission aux jeunes générations pour éviter l’oubli en œuvrant pour la Paix. Ainsi l’ouvrage « Chauny août 1914 – mars 1917, les civils dans la Grande Guerre » a été rédigé pour les scolaires, après un important travail de recherches dans différents centres d’archives en France et aussi à partir de documents allemands. Pour bien comprendre cette première occupation, il était nécessaire d’étudier le fonctionnement de cette armée et de montrer l’importance de Chauny pour la 1ère Armée allemande. C’est une première occupation, car en mars 1918, la ville est de nouveau envahie.

Hôtel de Ville et le Palais de Justice
L’Hôtel de Ville et le Palais de Justice après la retraite allemande

Une exposition pour mars 2017

Une exposition va concerner l’histoire de la ville durant l’année 1917. Une période peu connue mais très importante pour les Chaunois. En effet le 19 mars 1917, la ville, en grande partie détruite, est libérée par des cavaliers de l’armée française. Suite à cette libération de nombreuses cartes postales sont éditées, pour montrer l’ampleur des destructions, avec pour légende Français, souvenez-vous. Dans la continuité du travail déjà effectué, des recherches ont été menées pour apporter des éléments de réponses aux questions souvent posées sur cette période. Dans la mémoire des familles chaunoises, on mentionne souvent, à cette date, des déplacements de population.

A chaque famille chaunoise : une histoire différente 

Aujourd’hui, dans ce contexte de commémorations, les habitants s’interrogent sur l’histoire de leur famille. Les généalogistes amateurs se questionnent sur les événements vécus par leurs ascendants. Durant ce conflit tous les habitants de Chauny seront  déplacés. Certains en 1914, d’autres pendant l’occupation mais la grande majorité de la population devra quitter la ville en 1917 d’où l’importance de cette date. Ce qui apparait en étudiant cette période, c’est la diversité des situations, des parcours des familles chaunoises.

Le Théâtre
Le Théâtre après la retraite allemande

Dès le début de la guerre, les militaires, effectuant leur service actif, doivent regagner leur régiment. Puis ce sont les réservistes qui rejoignent leur affectation. Un mari, un père ou un fils parti en 1914 sera éloigné pour longtemps ou définitivement. En 1914, les habitants, fuyant devant l’avancée des troupes allemandes, trouvent un refuge temporaire à Paris ou en  province. Mais durant plusieurs années le retour sera impossible du fait de l’occupation militaire. Des prisonniers civils sont envoyés en Allemagne dès septembre 1914. De nombreux chaunois passent par la Suisse. Ce sont les Rapatriés, ceux qui retrouvent la Patrie non occupée. En effet, les habitants sont autorisés par l’autorité militaire allemande, à passer du côté français, le trajet se faisant par l’Allemagne, la Suisse pour rejoindre la France, d’abord à Annemasse puis à Evian. 

Mais le plus important déplacement de population a lieu en 1917, lors de l’opération Alberich. Les Chaunoises et les Chaunois, âgés de seize à soixante ans, aptes au travail, sont déplacés derrière les lignes allemandes, le long de la frontière belge. Le reste de la population, 1990 personnes, est cantonné dans le quartier du Brouage avant d’être évacué par l’armée française, sous un bombardement. Et à partir du 21 mars 1918, il n’y a plus aucun habitant à Chauny, l’armée britannique qui occupe le secteur ayant pris la décision d’évacuer la  population devant  l’avancée ennemie. Ainsi, en effectuant ce travail de mémoire, en apportant des faits précis, la ville veut rappeler d’une part, la place de Chauny dans ce conflit. Elle veut aussi, d’autre part, permettre aux habitants de se réapproprier leur histoire familiale, prise dans les tourments de la grande Histoire.


L’armée française s’installe dans Chauny (Mars-Décembre 1917)

Le 19 mars 1917, l’arrière-garde de l’armée allemande, le 55 L.I.R traverse Chauny pour se diriger vers La Fère, à l’arrière de la Siegfried-Stellung, dite ligne Hindenburg. Ce repli s’effectue dans le cadre de l’opération Alberich.

Acclamée par la population qui se trouve dans la zone de regroupement du Brouage, la cavalerie française investit la ville dans l’après-midi. Chauny passe alors sous le contrôle de l’armée française.

Rue de la Chaussée
Rue de la Chaussée

Les militaires sécurisent d’abord la zone libérée

Tout en progressant dans la ville, les cavaliers inspectent les ruines à la recherche d’un éventuel piège, une contre-attaque des troupes allemandes étant toujours possible. Les abords du canal sont interdits à la circulation car des coups de feu proviennent de l’autre rive, toujours occupée par l’ennemi. Le 20 mars 1917, des canons allemands en position sur les buttes de Rouy bombardent maintenant la ville. Des habitants quittent le quartier du Brouage, en poussant une brouette, un landau, pour rejoindre la ville de Noyon. D’autres sont pris en charge par les camions militaires qui repartent après avoir déposé des vivres, des munitions aux troupes combattantes restées sur place.

Destruction du Pont sur le Canal
Campagne 1914-1917

Une remise en état des voies de communication

Au fur et à mesure de la progression de la cavalerie et de l’infanterie, des équipes mobiles routières renforcées par des territoriaux, rétablissent la circulation sur les chaussées endommagées. La route nationale entre Chauny et Noyon devient un axe prioritaire pour la IIIème  Armée française. Un déblaiement de la chaussée est d’abord effectué. Puis dans les carrefours détruits par une mine, un arasement de la terre est fait autour du cratère afin de faciliter le passage de l’artillerie. La Commission de Régulation Automobile qui se trouve sur Noyon installe une antenne à Chauny pour surveiller et délivrer les autorisations de circulation sur cette route.

Après la libération du quartier Saint-Lazare, le 25 mars 1917, afin de permettre le passage d’une rive à l’autre de la rivière Oise, ou pour traverser le canal, des passerelles provisoires sont d’abord jetées en attendant la construction d’ouvrages plus aboutis comme des ponts de chevalets, des ponts de pilots légers… .

Dans le même temps, des unités du Génie, renforcées par des territoriaux, rétablissent les voies ferrées. Des trains militaires spécialisés dans la réfection des voies apportent hommes et matériel pour remettre en état le ballast et les rails. Ainsi, une première voie est ouverte le 12 avril 1917 entre Noyon et Chauny, puis elle est doublée le 18 avril 1917.

Un parc de stockage, accessible par le rail, est aussi aménagé à la sortie de Chauny. Ainsi chaque jour des convois livrent des vivres, des munitions,  du fil de fer, des outils… . Puis ce matériel est livré aux combattants.

Pour renforcer l’infrastructure, une nouvelle ligne est créée entre Compiègne et Chauny, sur le chemin de halage en bordure de l’Oise puis le long du canal. Il s’agit d’une voie de 0.60 permettant la circulation de locotracteurs.

les Usines "La Soudière"
Vue sur les usines « La Soudière »

De vastes chantiers dans Chauny

Des régiments du Génie et de territoriaux stationnent dans Chauny pour participer à la mise en place d’une infrastructure militaire dans la ville. Des cantonnements sont aménagés pour y loger les militaires. Des abris contre les bombardements sont construits car régulièrement des avions ennemis survolent Chauny  ou des obus provenant de canons à longue portée positionnés sur La Fère ou Saint-Gobain tombent sur la ville.

Les rues encombrées de gravats sont nettoyées, les pans de murs instables sont écroulés. Des lieux de stockage, des plates-formes pour l’artillerie sont implantés. Partout des filets de camouflage masquent les routes, les installations qui doivent échapper à l’observation adverse.

Les militaires participent aussi à la remise en culture des terres en cultivant deux hectares de jardin dans Chauny et cinquante hectares de céréales à la sortie de la ville.

Le pensionnat Saint-Charles devient un hôpital militaire

Le 22 mars 1917, les 350 personnes qui étaient hébergées à Saint-Charles sont évacuées par des véhicules de la Croix rouge et par une Section Sanitaire Automobile de l’armée pour être dirigées sur Compiègne et Senlis.

A la place, un centre hospitalier chirurgical militaire est mis en place dans les sous-sols de l’établissement pour apporter les premiers soins aux soldats gravement blessés sur la ligne de front ou lors des bombardements du secteur arrière.

Un carré militaire est aménagé dans le cimetière communal et lors des enterrements, des offices religieux ont lieu dans l’église Saint-Martin en partie effondrée.

Ainsi en reprenant possession de la ville, la priorité pour l’armée est, après avoir évacué un grand nombre de civils, de mettre en place une infrastructure militaire afin de se protéger de toute attaque ennemie, mais aussi pour fournir la logistique nécessaire aux unités combattantes françaises situées face à la Siegfried-Stellung.